Extirper la violence d’État à sa racine
Évènements…
Ce 9 juin, c’est porteurs d’un autocollant affirmant : « À bas le racisme ! À bas le capitalisme », que les jeunes de Jeunesse Révolution et les militants du Parti ouvrier Indépendant démocratique ont participé dans toute la France aux rassemblements convoqués en solidarité avec les manifestants américains et en hommage à George Floyd, mais aussi pour réclamer justice pour Adama et toutes les victimes de la violence d’État…
Que des millions de jeunes dans le monde entier descendent spontanément dans la rue pour crier leur colère contre les assassinats racistes et leur aspiration à un monde de justice et d’égalité, c’est en soi un événement majeur. Que cette mobilisation, déstabilisant les institutions en place, impose l’inculpation pour homicide volontaire des responsables de la mort de George Floyd, c’est un premier pas. Qu’en France la pression monte pour obtenir le jugement des responsables de la mort d’Adama Traoré et la réouverture des autres dossiers de violences policières, c’est un autre pas. Dans le monde entier, les coupables de crimes racistes doivent être châtiés.
Cela règle-t-il pour autant le problème du racisme de et dans la police, ou celui des violences policières ? Si la situation n’était pas tragique, il y aurait quelque chose de comique dans la demande de Macron à Castaner d’un rapport sur les violences policières, quand on a en mémoire les milliers de manifestants blessés, dont des centaines grièvement, depuis le début de la présidence de Macron !
Macron est sans aucun doute le plus mal placé pour commander un tel rapport et Castaner le plus mal placé pour le rédiger ! Quant aux mesures qui pourraient en sortir, elles relèveront, au mieux, de retouches cosmétiques et de la mise en cause de quelques brebis galeuses. Et encore… rien n’est sûr…
Le rôle de la police – et de l’État en général – n’est pas, comme cela est souvent présenté, de protéger la population en général. Le rôle de l’État (donc de la police) est de préserver l’ordre social existant. Cette réalité se vérifie sous toutes les latitudes, dans tous les régimes politiques et dans toutes les périodes historiques, depuis que sont apparues, il y a très longtemps, les premières formes d’État.
Aujourd’hui, l’ordre social, c’est celui du régime capitaliste. Ce système permet à qui possède les moyens de production d’exploiter la force de travail de qui ne les possède pas. L’ordre social capitaliste repose sur ce principe : propriétaires des moyens de production, les capitalistes imposent aux salariés de travailler une partie de la journée gratuitement, afin que ce travail légalement volé soit source de plus-value, donc de profit.
N’est-ce pas là une violence sociale permanente ? De ce régime de la propriété privée des moyens de production découle, pour les capitalistes et leurs gouvernements, le droit – financé par l’État – de licencier en masse et de réduire des millions de travailleurs au chômage ; et le droit de fermer les uns après les autres tous les services publics, en particulier dans les banlieues et les quartiers populaires ; et le droit de fermer les écoles, de liquider les voies de la formation professionnelle et des formations qualifiantes ; et le droit de laisser à l’abandon les infrastructures sportives ; et tout cela, au nom de la nécessaire austérité pour dégager toujours plus de profit ! Leur ordre social, c’est le désordre permanent qui condamne des générations entières, les prive de tout avenir, et les livre à eux-mêmes (ou pire) dans des banlieues socialement désertifiées et économiquement dévastées.
Et quand il arrive que de ce désœuvrements et de cette frustration surgissent ici ou là des flambées de violence avec des « comportements contraires à la loi », alors gouvernants et commentateurs crient à la « violence des banlieues » et la police est appelée à intervenir pour « rétablir l’ordre ». C’est-à-dire rétablir l’ordre social d’exploitation et de destruction d’un capitalisme en déclin. Puis la justice, à son tour, est appelée à intervenir pour préserver les lois de l’exploitation, de l’oppression, de la destruction sociale généralisée. C’est dans ce contexte que certains se sentent encouragés à faire du zèle, défoulant leurs préjugés racistes et leur haine de l’étranger, du Noir, de l’Arabe, du juif, allant parfois jusqu’au crime. Tous ceux-là doivent être impitoyablement châtiés.
Mais, répétons-le : la racine de la violence est bien plus profonde que celle des comportements individuels condamnables. Elle est dans l’État lui-même, comme institution rempart de l’ordre social capitaliste. C’est pourquoi se rejoignent le combat contre les violences policières et le combat contre les licenciements, la lutte contre le racisme et la lutte pour en finir avec l’exploitation.
Il ne peut y avoir de justice sans justice sociale. Il ne peut y avoir de justice sociale sans extirper à la racine le système d’exploitation capitaliste. C’est ce que nous avons exprimé dans ces manifestations. C’est ce que les jeunes militants issus des quartiers populaires ont décidé d’exprimer, en prenant en main la rédaction des articles consacrés aux événements dans ce numéro de La Tribune des travailleurs.